Un calendrier légendaire

Joseph Bloch

Initié par le Grand Rabbin Joseph Bloch, le calendrier qui porte son nom semble la plus ancienne publication juive de France. Pendant plus de quarante ans, de 1924 à 1968, le son créateur y rédige tous les renseignements indispensables à la vie liturgique ainsi que des citations bibliques et talmudiques, des aphorismes d’auteurs sacrés et profanes, rappelle de nombreux événements historiques, de personnes méritantes ou représentatives de l’histoire juive. Aujourd’hui, cette éphéméride figure en bonne place dans nombre de foyers des Juifs. Il est même devenu une institution. Le Grand Rabbin Edmond Schwob qui assure la continuation du calendrier Bloch depuis quarante-quatre ans, dévoile ici ses secrets.

Quelles sont les particularités du Calendrier Joseph Bloch ?

Le Grand Rabbin Edmond Schwob : C’est un calendrier mural hebdomadaire indiquant très clairement les dates hébraïques dans une colonne à droite et les dates civiles dans une colonne à gauche. Les jours chômés en France y sont précisés. La partie centrale comporte le nom du jour et, le cas échéant, la spécificité juive de la date. On trouve l’heure d’entrée et celle de sortie du Chabbat et des fêtes juives à Jérusalem et dans les principales villes françaises ou francophones (Bruxelles, Casablanca…), ainsi que les références et brefs résumés de la Parachah et de la Haphtarah. Dans la case de chaque Chabbat, figurent les dates de naissance des garçons qui deviendront "Bar-mitsvah" durant la semaine qui s’achève ce Chabbat. Les cases des jours ordinaires sont agrémentées de citations bibliques ou talmudiques, d’extraits d’ouvrages juifs anciens ou modernes, et parfois d’évocations historiques. Le verso de chaque page présente une illustration, photographie artistique ou reproduction d’une œuvre d’art. Le calendrier peut être effeuillé mais il est possible de le conserver intact grâce à une fente prédécoupée.

Comment a-t-il évolué au fil des ans ?

Le Grand Rabbin E. Schwob : Ses trois premières éditions étaient imprimées en Allemagne. Interrompue par l’occupation allemande, la publication reprend après la guerre. A mes débuts, fin des années 60, quand le Grand Rabbin Joseph Bloch m’a demandé d’assurer la continuation du calendrier – auquel j’ai donné son nom – on imprimait encore en typographie les pages manuscrites que je transmettais à l’imprimeur. Ce n’est qu’à partir de l’année 2002-2003 que la couleur a fait son apparition sur les versos également. Aujourd’hui, non seulement je travaille sur ordinateur, mais l’évolution de la technique a permis une amélioration progressive de l’illustration, actuellement en quadrichromie.

Etes-vous resté fidèle à l’original ou avez-vous apporté votre touche personnelle ?

Le Grand Rabbin E. Schwob : Je suis resté fidèle à l’original, me considérant comme un simple continuateur. Il est cependant évident que le choix des textes et des illustrations reflète ma propre personnalité et véhicule en quelque sorte mon enseignement. Pour ce qui en est de la base-même du calendrier, j’y ai apporté divers compléments dont les tableaux qui occupent le verso des dernières pages : dates de Bar-mitsvah durant l’année suivante, commencement des jours pour la prière du matin, heure limite pour la lecture du Chema du matin, première heure possible pour la prière de l’après-midi et tout cela pour les principales villes. En plus, il y a un tableau permettant le calcul des horaires dans de très nombreuses autres villes, par rapport aux villes principales.

Comment choisissez-vous les textes, les images ?

Le Grand Rabbin E. Schwob : Ce choix résulte de mes propres lectures et aussi de celles de mon épouse. Bien sûr, je recherche aussi des pensées spécialement adaptées à tel ou tel moment de l’année. Pour les illustrations, j’ai l’impression d’avoir annuellement bénéficié d’un coup de pouce d’En-Haut : régulièrement, il m’a été donné d’entrer en contact avec d’excellents artistes, heureux de me donner l’autorisation de reproduire leurs œuvres.

Qu’est-ce qi vous guide dans la réalisation de ce travail ?

Le Grand Rabbin E. Schwob : C’est d’abord la volonté d’assumer l’engagement que j’ai pris envers le Grand Rabbin Joseph Bloch et, en même temps, le sentiment que ce calendrier est devenu indispensable pour des milliers de foyers.

Qu’est-ce qui vous passionne dans cette entreprise ?

Le Grand Rabbin E. Schwob : Je suis passionné par l’effort de recherche des textes et des illustrations. J’ajouterais que je suis un passionné de la langue française et que je cherche donc à m’exprimer de la façon la plus correcte et la plus élégante possible. Jamais je ne cite un verset biblique ou la parole de l’un des nos Sages du Talmud, ou encore un passage d’une autre source hébraïque à laquelle j’ai accès, sans avoir consulté l’original et l’avoir traduit moi-même le plus fidèlement et le plus joliment, afin que le message ne soit pas affadi, voire altéré, par une formulation maladroite.

Que pensez-vous que ce calendrier apporte à la communauté ?

Le Grand Rabbin E. Schwob : Maintes communautés utilisent le Calendrier Joseph Bloch pour établir leurs propres horaires. De nombreux particuliers y trouvent information, enseignement, source de réflexion. J’ai connu des gens qui notaient ou découpaient telle ou telle pensée qui les avait particulièrement marqués. Pour bien des isolés, le Calendrier Joseph Bloch constitue presque le seul lien avec le Judaïsme.

Comptez-vous innover dans les prochaines années ?

Le Grand Rabbin E. Schwob : Dès 5774, l’entrée du Chabbat sera indiquée sur chaque page pour toutes les villes principales et non seulement pour deux d’entre elles, comme jusqu’à présent. Il faudra aussi trouver des annonceurs tant il est évident que le Calendrier Joseph Bloch, toujours imprimé dans le Bas-Rhin, ne pourra subsister par le seul dévouement de son rédacteur et celui de ses enfants qui ont pris sur eux la lourde tâche d’en assurer la diffusion à partir d’Israël.

Que réservez-vous pour le calendrier de cette nouvelle année 5773 ?

Le Grand Rabbin E. Schwob : L’édition 5773, en vente dans les librairies depuis juillet 2012, se caractérise, notamment mais non uniquement, par la reproduction de merveilleux papiers découpés de Noémi Cassuto et par de nombreux textes ou résumés que j’ai eu l’occasion d’écrire personnellement dans les dernières années.

Noémie Grynberg 2012