Atelier gastronomique : lien entre spiritualité et plaisir gourmand

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L’atelier gastronomique familial est un nouveau concept très en vogue aux Etats-Unis et qui se pratique aujourd’hui en Israël. Au travers d’une ambiance intime, joyeuse familiale et humoristique, l’atelier propose un programme sérieux et enrichissant basé sur une vision multiple de la famille et de l’individu.

Nourriture et famille sont 2 composantes importantes de la vie juive. L’atelier gastronomique se propose justement de les allier pour une meilleure connaissance de soi et du monde.

Le but de cet atelier est de soigner la vitalité de chacun de nous en se fondant sur le renforcement du lien entre soi et son corps, trop souvent oublié dans notre vie quotidienne.

Pour cela, le travail se porte sur les sens : en éveil, ils constituent une des bases principales de la bonne santé et de l’impression de vitalité. Durant l’atelier, la cuisine casher attise le sens du goût, du toucher et de l’odorat, tout comme les autres sens qui leur sont associés mais de moindre façon.

De ce fait, découlant du lien corps-esprit et des sens en éveil, la conscience de l’acte nourricier lié à la mère mais qui existe en chacun, ranime plaisir, honneur et reconnaissance. La joie découlant de l’odeur, des couleurs et des goûts oriente doucement l’individu vers une gratification de la nourriture. Une sensation de bonté et de don gratuits ressentie pendant le temps de préparation du met et pendant sa dégustation, honore le corps et ses besoins. L’abondance des aliments et l’automatisme des fonctions de la digestion font oublier que la nourriture permet une rencontre avec dieu par le biais de ce qu’il nous donne. Manger fait référence à la première interpellation du Créateur à sa créature en lui défendant de goûter à l’arbre de la Connaissance. Le caractère universel de la première parole de dieu à l’homme est encore plus spécifique pour les Juifs qui lient l’acte naturel de manger à l’écoute de la parole divine. La nourriture est donc le premier rapport de l’homme à dieu. Elle le met en relation avec lui. Pour le judaïsme, il n’y a pas d’acte profane. Chaque action s’inscrit dans une spiritualité surtout s’il est volontaire, responsable et conscient, en rapport avec la connaissance et le sacré.

Au niveau moral, manger implique d’une reconnaissance de la générosité de celui qui nourrit, se dévoue pour les autres car à l’instar de dieu, il se dévoue pour la communauté. Il s’agit aussi de renouer avec la patience déployée pendant le temps de préparation jusqu’à la dégustation, car la compréhension des actes de la vie ne sont pas immédiats mais inscrits dans un processus. Elle exige une présence consciente de l’enchaînement des relations de l’existence.

C’est pourquoi, il est important de revaloriser l’acte de manger en lui donnant plus de rapport avec la créativité, la joie, l’alchimie.

La gastronomie naturelle permet de préparer et d’expérimenter en groupe une cuisine goûteuse composée d’éléments simples. Elle propose, à travers un mode pratique et facile d’application, de découvrir aux ingrédients bon nombre de valeurs nutritionnelles favorables à la santé, au le nettoyage du corps et de l’esprit. La joie de l’acte réveille l’écoute du corps trop souvent négligé par une alimentation rapide ou déséquilibrée, par un manque de stabilité, de mouvement, par la carence alimentaire ou son contraire, le surplus. L’objectif du réapprentissage de la façon de préparer à manger est de rafraîchir l’écoute de soi-même et de son corps. Pour cela, il faut un éveil, une méditation pendant l’acte créateur, avec une écoute intérieure, une respiration, une disponibilité d’esprit.

L’expérience commune et familiale de cet atelier gourmand donne aux enfants et aux parents un sentiment d’appartenance. En effet, il est important que les enfants soient témoins des activités des adultes et qu’ils soient intéressés d’y prendre part grâce aux activités familiales. Ceci réjouit les enfants car ils en retirent le sentiment  d’être un élément naturel et intégral de la vie de leurs parents, de leur famille et de leur entourage. Plus l’enfant s’essayera dans de nombreuses activités communes avec ses parents et son entourage, plus il aura un sentiment d’existence saine, d’appartenance. Il éprouvera la sensation d’être pleinement un partenaire actif et significatif de la cellule. C’est pourquoi, la majorité des activités se déroule avec peu de contenu verbal car l’atelier mise également sur la communication non verbale à travers l’éveil des sens (sans oublier celui de l’humour). La communication n’est donc pas frontale mais se sert de la cuisine comme médiateur intermédiaire. Ainsi, le langage des sens est supposé donner à l’enfant un sentiment de sécurité. Il apprend que le monde des adultes peut devenir un espace ludique.

La perception du lien parental peut donc être renforcée et soignée par la façon dont il se développe et se fixe concrètement comme centre même de la relation. Ainsi, le lien et la vitalité familiale autant que personnelle sont ranimés. Avec le temps, il n’est pas rare de délaisser un brin les besoins particuliers des enfants. Il est important d’approfondir le sentiment d’unité entre parents et enfants. Le renforcement vital de chacun dépend de la qualité du lien parental qui dépend lui-même de la qualité de l’expérience commune. C’est pourquoi l’orientation de la majorité des activités de cet atelier est familiale, afin de créer une plate-forme constructive. Ce voyage au cœur du goût impulse une dynamique qui engage une communion familiale et se travaille avec le temps. La finalité de l’atelier gourmand est de retrouver la famille pour apprendre à être soi-même.

Le souvenir positif de l’expérience gourmande lors de l’atelier familial reste inscrit dans l’esprit et permet de recréer ce lien et cette ambiance autour du repas. Il active le désir de renouveler dans l’acte nourricier cette présence de l’être non détaché de sa spiritualité vitale. Telle est la potentialité éducatrice de la table.


Israel Magazine / Noémie Grynberg 2005