Le futur est parmi nous

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Où en serons-nous dans 5, 10 ou 20 ans ? Grâce à la prospective et à la futurologie, nouvelles disciplines de l’avenir, les chercheurs préparent les tendances de demain. Les champs d’action semblent infinis et s’appliquent pratiquement à tous les domaines de la vie et de la connaissance, allant de la médecine à la domotique en passant par l’écologie, la sociologie, l’urbanisme ou l’économie.

La prospective israélienne se place dans le peloton de tête. Chercheur au sein du Centre Interdisciplinaire de Prévision et d’Analyse Technologique (ICTAF) de l’université de Tel-Aviv depuis 2000, le Docteur Asher Vaturi est un spécialiste en planification et en stratégies urbaines. Ses études se focalisent sur les questions d’environnement, de politiques de la ville, de développement des technologies énergétiques et de ses aspects socio-économiques. Il coordonne la branche israélienne du Réseau Européen de l’énergie – l’OPET- organisation de promotion de la technologie énergétique. Le Docteur Vaturi fait le point sur l’état de la recherche en Israël aujourd’hui.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Docteur Asher Vaturi : je m’intéresse à la prévision énergétique du futur à 2 échéances : à 20-30 ans et à 20-50 ans. D’abord, nous élaborons un modèle mathématisé de tous les paramètres intervenant, puis nous l’expérimentons, enfin nous évaluons sa faisabilité et sa rentabilité socioéconomique afin de prévoir ou non la commercialisation de l’innovation. Toutes les énergies renouvelables rentrent dans ce spectre de prospective. Les énergies propres comme le solaire ou l’hydraulique seront de plus en plus développées. Sans oublier le nucléaire dans les 20 à 60 ans à venir. Mais là, la question centrale reste plutôt politique. Cependant malgré l’engouement à la mode pour les énergies de remplacement, il faut savoir que dans le meilleur des cas, elles ne constitueront que 20 à 22% de l’ensemble des énergies utilisées dans une perspective à 20 ou 30 ans.

Suivant les options choisies, le nucléaire représentera soit 80% de la production énergétique, soit sera totalement abandonnée. C’est le tout ou rien.

Une autre voie de recherche énergétique est celle des technologies réduisant la pollution atmosphérique émise par les gaz toxiques.

Quelles implications a l’énergie sur la société ?

Dr. Vaturi : énergie et démographie sont intimement liées. Ainsi, le relatif ralentissement démographique mondial influe sur la consommation énergétique. Parallèlement, l’augmentation du niveau de vie des pays émergeants tels la Chine, le Brésil ou l’Inde se répercute également sur elle. Les données sociales deviennent aussi un élément d’évaluation des tendances. Par exemple, l’accroissement du nombre de divorces influence directement la consommation énergétique. Au lieu d’un frigo, d’une voiture, d’un ordinateur, d’une télévision par ménage, tous les biens sont dédoublés en cas de séparation. Le style de vie agit également sur la demande énergétique. Si une personne aime sortir ou cuisiner à la maison, sa consommation énergétique personnelle change. Ainsi les mutations démographiques quelles qu’elles soient agissent sur les besoins énergétiques et leur politique de gestion.

A quoi ressembleront nos villes de demain ?

Dr. Vaturi : d’une façon générale, la population quittera de plus en plus la périphérie pour rejoindre les centres villes du fait de l’amélioration de la qualité de la vie urbaine. Le phénomène est particulièrement vrai pour Tel-Aviv. Les gens sont fatigués des longs embouteillages quotidiens. Les retraités préfèrent aussi rejoindre les centres animés quitte à vivre dans un espace plus petit puisque les enfants ont quitté la maison.

L’économie joue-t-elle un rôle dans les prévisions futuristes ?

Dr. Vaturi : du fait du vieillissement relatif de la population mondiale (sauf en Israël où la tendance s’inverse), on pourrait voir s’accroitre le problème lié au financement des retraites.

Au niveau économique, le monde développé se dirige  davantage vers le hi-Tech, vers une société de l’information, délocalisant les industries lourdes traditionnelles dans les pays émergeants ou en voie de développement.

Quelles conséquences socio-économiques auront les développements du futur ?

Dr. Vaturi : la tendance du travail depuis la maison se développera encore plus. Cela diminuera la pollution et la consommation de carburant liées aux transports mais augmentera les besoins en électronique.

La technologie des voitures et des piles à hydrogène est en grande expansion. Cela permettra un environnement plus propre et une baisse de la demande en hydrocarbures.

Quelles sont vos prévisions pour le monde de demain ?

Dr. Vaturi : il sera de plus en plus virtuel dans tous les domaines. La médecine (nouveaux implants), la génétique, la biotechnologie, l’énergie hydrogène et les énergies renouvelables ainsi que l’armement (avions sans pilotes) seront les grands gagnants de demain. La question du nucléaire reste ouverte. De façon générale, le monde s’améliorera et les problèmes trouveront leurs solutions.

Noémie Grynberg 2011