Des Maccabim à Bar Korba : itinéraire des révoltes juives de Judée

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De la dynastie asmonéenne des Rois de Judée à Bar Korba, les révoltes juives sont emblématiques de la grandeur et de la défaite des Hébreux. Grandeur par la lutte armée des Maccabim contre la domination grecque (célébrée à Hanouka), défaite par la mort de Bar Korba face à la domination romaine en Israël. Ces combats pour l’indépendance juive ont laissé des traces à Modiin, Hérodion et Betar, trois villes symboles de la vaillante épopée de ces guerriers. Ces sites archéologiques et touristiques peu connus restent intéressants à visiter, témoins de la lutte héroïque contre l’assimilation et pour l’affirmation de l’identité juive, valeurs commémorées notamment à Hanouka.

Citée dans le Livre des Hasmonéens, Modiin est le berceau et la patrie des Maccabim, famille à l’origine de la dynastie asmonéenne des Rois de Judée qui régnèrent jusqu’au temps de Hérode. En 167 avant J.-C., le prêtre Mattathias l’Asmonéen, père de cette illustre famille juive et de ses descendants donna le signal de la première révolte contre Antiochus IV Epiphane (175 – 164 avant J.-C.). En 166 avant J.-C., son frère Juda, succédant à son père, guida militairement la révolte contre la Syrie pour venir en aide aux Juifs de Galilée et défit Antiochus V. En – 164, Juda reconquit Jérusalem et délivra son Temple du culte de Zeus instauré par Antiochus Epiphane, y érigea un nouvel autel et obtint pour les Juifs la liberté religieuse mais non l’indépendance. C’est précisément la consécration et l’inauguration (hanouka en hébreu) du Temple après sa souillure par les Grecs Séleucides qui sont célébrées lors de la Fête des Lumières, suite au miracle de la fiole d’huile ayant permis d’illuminer le grand candélabre d’or pendant 8 jours. Hanouka est aussi appelée fête des Maccabim. En 66-70 de l’ère chrétienne, durant la révolte contre Rome cette fois, les combattants juifs se retirèrent à Hérodion, une des dernières places fortes détenues par eux après la destruction de Jérusalem en 70 de l’ère chrétienne. Elle fut finalement conquise et détruite par les Romains en 71. Enfin, lorsque la 2ème guerre des Juifs contre Rome éclata de 132 à 135 de l’ère chrétienne, Betar devint le centre de la révolte juive contre le puissant empire romain qui gouvernait et imposait sa loi à la Judée. Bar Korba prit la tête d’une large armée juive forte de 400.000 hommes et mena la dernière et sévère bataille contre Julius Severus, général romain, qui prépara le siège de Betar pendant un an. Historiquement, c’est le 9 Av que Betar fut conquise et sa grande forteresse détruite. 80.000 Romains entrèrent dans la ville, égorgèrent et massacrèrent hommes, femmes et enfants dans un bain de sang. 580.000 Juifs périrent ainsi sous les coups des légions romaines. Ces martyrs furent un signe de fierté pour tout le peuple car même assiégés, face aux privations et aux pillages, ils gardèrent une conduite exemplaire et ne salirent pas le nom d’Israël. En août 135, la chute de Betar sonna le glas de la révolte et de l’héroïsme hébreu tant spirituel que physique.

Tourisme et archéologie

Modiin se itue à la lisière des Monts de Judée, à mi-chemin entre la plaine côtière et les montagnes de Jérusalem. A 300 mètres au-dessus du niveau de la mer, Modiin offre une magnifique vue panoramique de la côte. Les vestiges asmonéens de cette ancienne cité juive sont presque totalement détruits. Les plus emblématiques d’entre eux restent sans conteste les tombes des Maccabim, (dont celle de Juda, héros de Hanouka). Chaque année pour célébrer cette commémoration, une torche est allumée à Modiin et transportée jusqu’à Jérusalem. Indissociable de la fête de Hanouka et des Maccabim, la région de Modiin propose aux visiteurs venus la découvrir de riches restes architecturaux de la période juive, comme d’anciens bains rituels juifs et romains, les restes d’une synagogue datant du premier siècle avant l’ère chrétienne, différents objets de céramique datant de l’époque des premiers rois d’Israël, des pièces de monnaies et des tombeaux du temps des Asmonéens.

Quant à Hérodion, à environ 12 kilomètres au sud de Jérusalem, elle offre une vue impressionnante sur le désert et les collines de Judée du haut de ses 758 mètres. Le palais-forteresse construit par le roi Hérode y commémore la victoire qu’il remporta sur ses ennemis asmonéens en 40 avant l’ère chrétienne. Hérodion comprenait une forteresse circulaire, incluant un palais royal somptueux au sommet de la colline et dans la plaine, un groupe de constructions royales s’ordonnant autour d’un grand bassin utilisé comme réservoir principal et comme piscine, entouré de grands jardins aux larges portiques (restaurés aujourd’hui). Sous la forteresse, trois grandes citernes remplies par la pluie assuraient l’approvisionnement en eau. Au bas de la colline, s’étendaient des parcs qui méritent d’être visités. Dans la plaine environnante fut construite une véritable ville avec un centre administratif pour la région, la colline servant d’acropole aux autres habitations. Au nord-ouest de la piscine, un entrepôt a été mis à jour et des fragments de plusieurs dizaines de jarres en céramique ont été retrouvées. Au sud-ouest, de grands thermes ont été exhumés. L’édifice funéraires et le bain rituel retrouvés ont laissé supposer qu’il s’agissait du mausolée du roi Hérode. Mais la tombe elle-même n’a pas encore été découverte. D’importantes restaurations ont été réalisées sur les édifices d’Hérodion. Aujourd’hui, on peut se promener au sommet de la forteresse, escalader les murailles et apprécier la vue de la région. On peut aussi descendre dans les citernes et les tunnels souterrains de 300 mètres de long creusés en guise de cachette par les combattants juifs de la révolte de Bar Kochba.

Enfin, à Betar, seule une petite section de la ville a survécu dans sa forme initiale. Le jardin de l’ancienne ville compte quelques vestiges de bâtiments. Au sud du site survit une fosse profonde et les vestiges des fortifications. L’ancienne porte principale de la ville est encore debout ainsi qu’une tour fortifiée datant de Bar Korba, construite sur les ruines d’une tour datant de la période hérodienne. Quelques vestiges du mur inférieur de Betar datent de la même période. Le prolongement de la muraille est soutenu par une tour carrée et un bastion semi circulaire. Seules les défenses sud de Betar ont survécu. Outre le mur de fortification, aucun reste de bâtiment n’est discernable à la surface du site. Les restes de camps fortifiés romains sont encore visibles en plusieurs endroits. A l’embouchure de la source d’eau arrosant les environs, se trouve une pierre dont les inscriptions latines mentionnent 3 des légions romaines ayant participé au siège de Bétar.

Noémie Grynberg 2005