Casimir Funk : la révolution des vitamines

Vitamines

Casimir Funk (1884-1967), biochimiste américain d’origine polonaise, fut un des premiers explorateurs dans le domaine de la nutrition. Pionnier d’un nouveau champ de la recherche médicale, ce scientifique découvrit l’importance fondamentale des substances organiques essentielles à notre bon équilibre santé : les vitamines.

On connaît peu le nom de Casimir Funk. Pourtant, à l’époque du bien-être santé, on doit beaucoup à ce scientifique qui contribua à la compréhension avancée de la nutrition. Ses découvertes révolutionnèrent la façon moderne de manger et ses études sur le manque de vitamines responsable de maladies aidèrent à développer des mesures efficaces de prévention et de traitement de nombreux troubles. Casimir Funk fut aussi le premier à montrer l’existence d’hormones sexuelles mâles chez les animaux et mit au point des méthodes permettant de les isoler. De plus, le chercheur mena des travaux sur le diabète, les ulcères et la biochimie du cancer. Il contribua à améliorer la production de médicaments et en créa lui-même quelques nouveaux : nombre de substances développées dans ses laboratoires furent commercialisées par l’industrie pharmaceutique.

Une carrière internationale

A l’âge de seize ans, Kazimierz Funk (de son vrai nom), fils d’un dermatologue juif polonais de Varsovie, fut envoyé par son père poursuivre ses études universitaires en Suisse, d’abord à Genève puis à de Berne où il obtint en 1904 un doctorat en chimie organique. Ensuite, le jeune homme partit travailler à travers l’Europe : à l’Institut Pasteur de Paris pour commencer, puis à l’hôpital universitaire de Berlin où il étudia le métabolisme des protéines. Il constata que les chiens nourris aux protéines purifiées perdaient du poids alors que ceux nourris à la viande de cheval et au lait en poudre grossissaient.

En 1910, Funk quitta l’Allemagne pour Angleterre où il anglicisa son nom en Casimir. A Londres, il réalisa ses plus grandes découvertes qui bouleversèrent le monde de la médecine. A l’Institut Lister, le biochimiste examina comment les facteurs alimentaires influent sur la santé. L’étude le conduisit à réaliser qu’il existe dans les aliments des substances indispensables à un bon équilibre. Il constata que plusieurs maladies pouvaient se guérir et être évitées par l’introduction dans l’alimentation de composés organiques contenant certains corps chimiques.

Un an plus tard, le scientifique synthétisa pour la première fois la levodopa (précurseur du neurotransmetteur dopamine).

En 1915, lors de la Première Guerre mondiale, Funk décida de partir d’Angleterre et accepta un poste dans un laboratoire de recherche à New York. Il émigra avec sa famille aux États-Unis et obtint la nationalité américaine en 1920. Il occupa plusieurs postes universitaires et industriels avant de retourner travailler en Europe. De 1923 à 1927, il regagna la Pologne et dirigea à Varsovie le département de biochimie de l’Institut d’État d’hygiène qu’il quittera pour des raisons politiques. De 1928 à 1939, le scientifique fut consultant à Paris pour une firme pharmaceutique et fonda la Casa Biochemica, un institut privé de recherche.

Il rentra définitivement aux États-Unis au début de la Seconde Guerre mondiale et devint Président de la Fondation Funk pour la Recherche Médicale.

Sa découverte décisive

En 1911, à Londres, après de nombreuses expérimentations, le jeune chimiste isola, à partir de la pellicule de son qui enveloppe le riz, une substance cristallisée capable de prévenir et de guérir le béribéri, une maladie neurologique et cardio-vasculaire atteignant les nerfs des bras et des jambes. Il découvrit ainsi que ce trouble provenait d’une carence provoquée par un déficit alimentaire. Casimir Funk appela sa découverte « vitamine », mot créé de la contraction latine ‘’amine vitale’’ ou ‘’vital-amine’’ : vita « la vie » et amine, terme de chimie correspondant à des produits azotés. Il souligna par là que les composés organiques aminés se révèlent, même à l’état de traces, indispensable à la vie. La première des substances dont la structure moléculaire sera déterminée en 1936, fut appelée vitamine B1. Le chercheur isola également le premier, l’acide nicotinique (vitamine B3). En tout, le chimiste découvrit 13 vitamines fondamentales, réparties en 2 groupes. Les premières, liposolubles, au nombre de 4, sont les vitamines A, D, E et K ; stockées dans les graisses de l’organisme, il n’est pas nécessaire de les consommer tous les jours. Les secondes, hydrosolubles, au nombre de 9, sont les 8 vitamines du complexe B (la thiamine (B1), la riboflavine (B2), la niacine (B3), la pyridoxine (B6), l’acide folique (B9), la cyanocobalamine (B12), l’acide pantothénique et la biotine) et la vitamine C ; ne pouvant pas être stockées, elles doivent être consommées régulièrement.

Les différentes vitamines présentent cependant 6 points communs :

– elles n’apportent aucune calorie;

– une dose infime suffit à satisfaire les besoins vitaux de l’organisme;

– ne pouvant pas être fabriquées par l’organisme humain, elles doivent obligatoirement être fournies par l’alimentation (à l’exception de la vitamine D qui peut être synthétisée à partir de substances présentes dans la peau et transformées par le rayonnement solaire);

– elles ne peuvent pas être remplacées l’une par l’autre;

– leur carence provoque des troubles pathologiques;

– elles sont indispensables au bon fonctionnement et à la croissance du corps humain : elles permettent l’assimilation des éléments nutritifs (protéines, glucides, lipides) apportés par les aliments.

Funk montra ainsi que les vitamines préviennent et soignent le scorbut, le rachitisme, l’anémie, le béribéri (insuffisance cardiaque et troubles neurologiques), l’ostéomalacie (décalcification osseuse), la pellagre (infection cutanée, digestive et nerveuse) et la sprue (atrophie de l’intestin grêle).

Grâce à la contribution fondamentale de Casimir Funk, aujourd’hui les vitamines constituent le traitement incontournable des maladies dues à des carences alimentaires.

Noémie Grynberg / Israel Magazine 2012