Chine : 5000 ans de trésors à découvrir

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Depuis plusieurs semaines, le musée d’Israël à Jérusalem présente une très belle collection d’objets chinois rares de très grande valeur, allant de la Préhistoire à nos jours. Trois ans d’efforts ont été nécessaires pour parvenir à les rassembler. Cette exposition est exceptionnelle et sans précédant en Israël. La critique ne s’y est pas trompée ; elle est unanime à la louer.

Ce qui surprend d’abord, c’est la relative récence des découvertes archéologiques. En effet, la majorité des pièces exposées ont été trouvées presque par hasard lors de la construction de routes, de canaux d’irrigation ou lors de labourage de champs, entre 1950 et 1991. Les pièces que l’on peut admirer ont été prêtées principalement par le Musée National d’Histoire de Chine de Beijing. Mais sept autres musées nationaux chinois ont également prêté leur concours. L’exposition présentée en deux parties, se déroule suivant une progression chronologique qui permet ainsi d’admirer l’évolution artistique et culturelle à travers les âges ; d’un art primitif vers une création purement profane.

De formidables précurseurs

L’exposition ‘’Chine : les 100 Trésors«  nous transporte au cœur d’une civilisation vieille de 5000 ans, qui a bouleversé le cours de l’Histoire humaine par ses nombreuses découvertes telles que le thé, la porcelaine, la soie, le papier, le compas ou la poudre. La première partie est essentiellement consacrée à l’époque du Néolithique dont la majorité des objets proviennent de tombes de 12 provinces différentes. Les premières céramiques trouvées datent d’il y a 9 à 10.000 ans. La plupart des poteries remontant à plus de 6000 ans étaient principalement utilitaires ce qui ne les empêchait pas d’être peintes et décorées. Les plus anciennes exposées à Jérusalem remontent à plus de 5000 ans. Dès cette époque, une très grande partie de l’art était consacré aux cérémonies funéraires. Aussi, peut-on voir des figurines en terre qui peu à peu ont remplacé les sacrifices humains des premiers temps lors des inhumations, des sculptures, des poteries et des armes qui accompagnaient les défunts dans leur tombeau. Ainsi, au fur et à mesure du parcours, on découvre les rites et les mythes de cette grande civilisation qui croyait au monde futur. A cette période, les devins utilisaient des ossements d’animaux pour y lire les oracles. Ils y gravaient des inscriptions astronomiques ou sacrificielles que l’on peut observer au Musée.

On apprend que les Chinois étaient déjà passés maîtres dans l’art du bronze et du jade il y a 4000 ans, ainsi que dans la céramique, l’ouvrage de l’or et de l’argent. A l’âge du bronze, la finesse du travail de la vaisselle et des armes faits dans cette matière est déjà remarquable. Parallèlement, les Chinois développèrent l’écriture pour passer du pictogramme à l’idéogramme, utilisé encore d’aujourd’hui. Ils maîtrisèrent également le travail du jade considéré comme le matériau le plus précieux, dont le plus vieil article remonte à 7000 ans. Utilisé dans la confection de vaisselle, de bijoux, d’objets cultuels et sacrificiels, ainsi que comme d’ustensiles funéraires un proverbe chinois dit : ’’L’or a un prix mais le jade est inestimable’’. Symbolisant l’homme moral, il était également doté du pouvoir de préserver les morts de la décomposition.

L’art chinois s’inspire aussi beaucoup des représentations du monde animal. Ainsi, le dragon très présent, en est l’exemple le plus important. Considéré comme bon, lié aux nuages et à la pluie, il symbolise la force cosmique et positive du monde depuis 6000 ans. La chouette quant à elle, représente les ténèbres et la nuit. Gardienne des amoureux esseulés, elle guide les défunts, perdus dans les brumes de leur tombe.

Les grandes dynasties

La seconde partie de l’exposition recouvre la période allant du 5ème siècle avant J-C au 17ème de l’ère vulgaire. La très impressionnante salle consacrée au tombeau du 1er Empereur Qin dévoile une infime partie de ce fabuleux trésor découvert en 1974. Les figurines grandeurs nature de soldats et de chevaux nous laissent rêveurs devant cette cohorte minutieusement reconstituée, suivant les grades et les corps d’armée, et servant fidèlement à accompagner et garder le défunt dans l’au-delà. Malgré le peu de pièces présentes, le spectacle est édifiant et l’esprit a du mal à imaginer l’ampleur de cette œuvre monumentale.

Les nouvelles religions

Au 6e siècle avant l’ère vulgaire, la Chine découvre le Bouddhisme rapporté d’Inde par la route de la soie. Mais il n’y est vraiment introduit qu’au 1er siècle de l’ère vulgaire. Cette nouvelle religion imprègne alors l’art national dont on peut contempler de très belles stèles. L’avancée dans les techniques de la porcelaine donne de nouvelles créations, influencées par des ornements islamiques au 15ème siècle ou enrichies de motifs daoistes vers le 16ème siècle. Enfin, l’exposition se termine sur 2 magnifiques rouleaux de soie peints à l’encre de couleur, décrivant des scènes de la vie quotidienne avec une extraordinaire finesse de miniaturisation. De ce fait, la précision du dessin permet d’admirer l’ingéniosité des ponts, la vitalité du commerce ou les préparatifs d’un mariage. Ainsi, cette très belle exposition survole, l’espace d’une visite, 5000 ans d’Histoire fabuleuse de l’une des plus imposante et riche civilisation encore existante. Nation aussi ancienne que la nôtre et pourtant à l’opposé, on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec notre propre chronologie et de comparer le développement simultané de nos deux cultures, chacune ayant enrichi l’humanité dans un domaine différent mais tout aussi important. Cette rétrospective artistique et historique nous invite à nous plonger plus profondément dans les secrets et les trésors encore cachés de la Chine éternelle. Une exposition a ne manquer sous aucun prétexte.

Israel Magazine / Noémie Grynberg 2002

Photos : © The Israel Museum