George Goldstein : la saga de la tapisserie israélienne

Parochet

D’origine française, Georges Goldstein, ancien professeur à l’Académie d’art et de design Bezalel, est le propriétaire et le directeur de l’Atelier de Tapisserie de Jérusalem. Pour couronner ses quarante ans de carrière créative, le designer a reçu le Prix du Musée d’Israël récompensant l’ensemble de son travail d’arts décoratifs.

George Goldstein est né à Paris en 1932. Après des études aux Beaux Arts, il immigre en Israël en 1960. En 1964, il crée le premier atelier de tissage du pays, dans la nouvelle ville de Nazareth Illit. Pendant quatre ans, il réalise des textiles ornementaux et travaille avec une équipe de quarante artisans. En tant que pionnier de la tapisserie traditionnelle en Israël, George Goldstein devient une vitrine des techniques séculaires développées à Aubusson et aux Gobelins. Ainsi, des maîtres contemporains comme les peintres allemand et néerlandais Hanz Hartung et Karel Apel, le sculpteur américain Adolf Gottlieb, ou encore le plasticien israélien Yaakov Agam, dessinent sur carton les ébauches et esquisses des futures tissages réalisés en coton, lin, soie, laine ou nylon. Grâce à l’atelier de Georges Goldstein, les artistes Israéliens découvrent le travail de la tapisserie décorative, un des artisanats illustrés par les plus grands depuis Michel-Ange, Miro, Le Corbusier, etc.

Mais en 1967, suite à la guerre des Six-Jours, le studio de Nazareth ferme ses portes. Un an plus tars, alors que les murs la Vielle Ville de récemment libérée sont encore chargés de décombres, Jérusalem voit l’essor du centre d’art et d’artisanat Hutzot Hayotzer, devenu au fil des ans un lieu prestigieux, rassemblant quelques-uns des meilleurs artisans de la capitale.

Georges Goldstein s’installe alors au pied des murailles où il ouvre un nouveau local de tapisserie avec une jeune équipe de dix-huit artisans. Le créateur se consacre à la fabrication de tentures murales à partir de croquis originaux de peintres israéliens tels Mordechai Ardon, Ruben Rubin, Yohanan Simon ou Naftali Bezem. Contribuant à la vie artistique et culturelle d’Israël, les œuvres de l’atelier sont spécialement conçues pour orner une multitude d’espaces privés et publics, aussi bien dans le pays qu’à l’étranger : le Centre Médical Shaare Tzedek de Jérusalem, l’Université de Haïfa, les municipalités de Jérusalem et de Tel Aviv, l’Université Yeshiva et la Discount Bank de New York entre autres. Et surtout, les 4 tapisseries de 12 mètres carrés qui rehaussent la résidence du Président israélien. D’autres ouvrages décorent les demeures de riches amateurs d’art américains ou d’hommes d’affaire. L’acquisition d’ouvres de Georges Goldstein représente un réel investissement culturel et financier.

Certaines tapisseries connaissent leurs heures de gloire lors d’expositions internationales, notamment au Muséum d’Art Moderne de New York, à l’Exposition Universelle de Montréal (Canada), à la Biennale de Lausanne (Suisse), pour ne citer qu’eux.

Georges Goldstein se consacre également à l’art cérémoniel et crée des tapisseries rituelles : rideaux d’arches ou parochets (Grande Synagogue de Strasbourg, synagogue Bet-El de Springfield, Collège Babson de Boston) et manteaux de Tora.

Aujourd’hui, poursuivant son parcours créatif, Georges Goldstein s’est aussi mis à la peinture.

Tout au long de ces années, la belle histoire de la tapisserie israélienne traverse et accompagne l’évolution artistique locale. Le studio de création conserve encore plusieurs dessins signés de grands noms ou inachevés et quelques brouillons de projets pour de futures belles tapisseries. Ainsi, l’atelier de Georges Goldstein tente de perpétuer le savoir-faire d’un art ancestral, déjà florissant au temps de la construction du Tabernacle dans le désert.

Noémie Grynberg 2013