Emile Berliner, en avant la musique !

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Sans Emile Berliner, autodidacte de génie, notre vie serait différente : pas de musique, pas de disques, pas de microphone ou de bon téléphone. Grâce à l’invention du gramophone, Emile Berliner a transformé l’enregistrement sonore en divertissement à succès. Mais c’est aux Etats-Unis que cet émigré juif originaire d’Allemagne, a fait breveter ses découvertes.

Emile Berliner naît à Hanovre en Allemagne en 1851. Sa famille est très modeste et compte 13 enfants. Dès la fin de ses études, à 14 ans, il devient apprenti peintre pour aider financièrement ses parents. Puis il travaille dans une imprimerie avant d’aboutir dans un atelier de tissage. Très vite, il y développe ses talents d’inventeur en mettant au point une nouvelle machine à tisser.

Mais en 1870 éclate la guerre frano-allemande. L’armée prussienne enrôle les hommes de force. Pour échapper à l’incorporation, les parents Berliner encouragent Emile à émigrer en Amérique.

Ainsi, ce dernier arrive seul aux Etats-Unis à l’âge de 19 ans, comme passager clandestin. Il s’établit d’abord à New York où il effectue de petits travaux afin d’assurer sa subsistance. Il décide ensuite de déménager à Washington D.C. où on lui offre un emploi de commis dans une mercerie dont le propriétaire est un compatriote allemand.

Berliner se passionne bientôt pour les sciences et les nouveautés, en particulier pour l’électricité et l’acoustique. En 1876, il s’intéresse à la toute nouvelle intention de l’ingénieur écossais Alexander Graham Bell : le téléphone. L’appareil n’est pas encore tout à fait au point. Berliner décide alors de reprendre les recherches pour améliorer la transmission téléphonique. Il transforme son appartement en laboratoire d’électricité. Il se fait même installer un téléphone chez lui. Il parvient à développer un bon transmetteur qu’il brevette en 1877. La même année, il brevette une autre de ses inventions : le microphone.

La compagnie de téléphone «Bell», du fameux concepteur écossais, contacte immédiatement l’inventeur allemand et lui propose une grosse somme d’argent ainsi qu’un revenu mensuel en échange de l’utilisation de l’invention. Berliner reste ainsi travailler quelques années chez « Bell ». Lorsqu’il quitte la compagnie, il retourne à Washington et aménage son laboratoire d’étude sa nouvelle maison. En 1887, il invente le support moderne de l’enregistrement sonore, le disque, qu’il présente un an après au Franklin Institute de Philadelphie. Prolifique, Berliner invente en 1889, le gramophone. Ce brevet le rend célèbre. L’année suivante, la revue Scientific American déclare que ces deux découvertes (microphone et gramophone) ont changé la destinée de l’humanité.

Prévoyant la diffusion en masse, Berliner commence alors à fabriquer des disques en quantités importantes. Lui-même enregistre pour de nombreux artistes. Berliner envisage même de reverser une redevance aux artistes.

En 1893, l’inventeur allemand et quelques amis fondent la United States Gramophone Company qui commercialise le gramophone. Deux ans plus tard, l’appareil est modernisé : le système à manivelle est remplacé par un moteur à ressort.

Au début du nouveau siècle (20e), suite à quelques déboires en affaires, Berliner quitte les Etats-Unis pour s’installer au Canada. A Montréal, il ouvre une usine de fabrication de gramophones et de disques, une des plus modernes de la ville. En 1091, sa compagnie vend plus de 2 millions de disques. Dans sa lancée, Berliner crée la marque « Master Voice », la fameuse « voix de son maître » dont le célèbre emblème est le chien assis devant le pavillon d’un gramophone. Cette image restera l’emblème de la marque pendant 70 ans.

En 1904, la société ouvre un studio d’enregistrement.

La Première Guerre Mondiale, loin de nuire aux intérêts de l’inventeur allemand permet au contraire une forte expansion de ses activités. En 1924, la société se fait racheter et deviendra plus tard la RCA.

Vers la fin de sa vie, Emile Berliner s’engage également dans de grandes causes. Sioniste concerné par le sort des Juifs, il soutient financièrement l’établissement de ces derniers en Palestine pour créer un foyer national et contribue à la fondation de l’Université hébraïque de Jérusalem.

En 1929, Berliner reçoit la Médaille Franklin en récompense de ses travaux dans le domaine de l’enregistrement du son. Quelques mois plus tard, Emile Berliner décède d’un arrêt cardiaque à l’âge de 78 ans.

Depuis 1996, Montréal abrite « le musée des ondes Emile Berliner » consacré à l’inventeur allemand et au patrimoine de l’industrie du son. La ville de Montréal a également inauguré un parc en son nom.


Israel Magazine / Noémie Grynberg 2008